jeudi 17 mai 2012

UN PEU D'HISTOIRE...

   
Habitée depuis la plus haute Antiquité, la Kabylie recèle des vestiges de toutes les civilisations préhistoriques et protohistoriques. La population, dense, semble s’être installée dans les régions de grès à limons rouges. Tandis que les habitants actuels sont installés dans des régions autrefois inoccupées.


Dans l’Antiquité :

Appelée par les Romains "Mons Ferratus" "La montagne dure comme le fer", la Kabylie vit quatre colonies romaines s’installer sur les ports de la côte : Igilgili (Djidjel), Saldae (Vgayeth, ex-Bougie), Ruzazus (Azeffoun), et dans la vallée de la Soummam Tubusuptu (Tiklat) à une trentaine de kilomètres de Vgayeth.

L’occupation romaine (146 av. J.-C.439 apr. J.-C.) s’est néanmoins vue opposer une résistance farouche cristallisée autour de deux figures historiques : Takfarinas et Firmus.
Le second faillit de 372 à 375 aboutir à l’expulsion des Romains des Maurétanies. Défenseur du peuple berbère, Firmus était un héros de l’idée de l’indépendance. Il réalisa même autour de lui une certaine unité au-delà de la Kabylie.


Takfarinas


"Iomnium" actuellement Tigzirt. Le premier, de l’an 17 à 24 apr. J.-C., à la tête de tribus dépossédées de leurs terres, a malmené les légionnaires d’Afrique.



Le second faillit de 372 à 375 aboutir à l’expulsion des Romains des Maurétanies. Défenseur du peuple berbère, Firmus était un héros de l’idée de l’indépendance. Il réalisa même autour de lui une certaine unité au-delà de la Kabylie.

Au Moyen âge :

Parmi les cités qui ont marqué l’histoire nord-africaine, figure Vgayeth (Béjaïa) connue dès l’Antiquité sous le nom de Saldae.
Sous les Hammadites, au Moyen Age, elle fut une capitale prospère qui rivalisa avec Tunis et fut rebaptisée En-Nassiria.

Invasion Musulmane:
La conquête de l'Afrique du Nord est décidée par le chef de la dynastie omeyade, Muawiya Ier. À l'aube de l'invasion, l'unité politique et administrative de la Berbérie orientale et centrale (les Aurès, actuellement à l'est de l'Algérie et à l'ouest de la Tunisie) était en grande partie réalisée par Kusayla, chef de la résistance à la Conquête musulmane du Maghreb (règne de 660 à 686). Kusayla, converti à l'islam, entre en conflit avec Oqba Ibn Nafi Al Fihri, général de l'armée des Omeyades.
À son décès en 686, Kahina prend la tête de la résistance. Elle était issue de la tribu des Djerawa, une tribu berbère zénète de Numidie, selon les chroniqueurs en langue arabe au Moyen Âge. Fille unique, elle aurait été élue ou nommée par sa tribu après la mort de son père. Kahina procéda à l'appel de nombreuses tribus de l'Afrique du Nord orientale et du Sud pour déclencher la guerre contre les Omeyades.
Elle défait par deux fois la grande armée des Omeyades grâce à l'apport des cavaliers des Banou Ifren.
Elle règne sur tout l'Ifriqiya pendant cinq ans. Vaincue en 693 par Hassan Ibn en N'uman dans la dernière bataille contre les Omeyades, elle se réfugie dans l'Amphithéâtre d'El Jem. Elle est enfin faite prisonnière, puis décapitée au lieu dit Bir El Kahina. Les chefs de l'armée Omeyades envoient sa tête en trophée au calife Abd al-Malik en Syrie.
Kahina sera la seule femme de l'histoire à combattre l'empire omeyyade. Les Omeyyades demandent aux Zénètes de leur fournir douze mille combattants pour la conquête de l'Andalousie comme condition à la cessation de la guerre.
L'intervention de Musa ben Nusayr règle le problème avec les Berbères en nommant Tariq ibn Ziyad à la tête de l'armée zénète et des autres Berbères. Son fils devient gouverneur de la région des Aurès et par la suite sa tribu aura un pouvoir lors des Zirides dans les Aurès.


Reine Kahina



Invasion Française:

 Au 19 ème siècle : La prise de la Kabylie par les Français en 1857 eut des conséquences désastreuses sur le plan économique, et provoqua une déstabilisation de l’organisation socio-politique, d’où les diverses insurrections fortement réprimées en 1864 et en 1865.

La plus rude fut celle de 1871, menée par El-Mokrani, Fadhma n’Soumeur , Kheich Ahadath, Bou Beghla. La seule opération du séquestre fit perdre à cette région 2 639 000 hectares (Abbas cité par Ouerdane, 1988) et 36 millions de francs en imposition de guerre (Ageron, 1964).

L’émigration vers l’Europe : Après ces événements, débuta l’exil à l’échelle interne et externe. À titre d’exemple, la grande majorité des 5000 travailleurs algériens émigrés en France en 1912 étaient kabyles (Julien, 1952).

Écrasée par la misère, la Kabylie fut un foyer du nationalisme. Ainsi, c’est au sein des 100 000 travailleurs algériens principalement kabyles qu’est né le "Congrès des ouvriers nord-africains" (idem) qui s’est ensuite transformé en"I’Étoile Nord-Africaine". Selon M. Kaddache (cité par Ouerdane), cinq des huit fondateurs de ce mouvement sont kabyles.

La Kabylie demeure un bastion permanent de la résistance. Elle joua un rôle notoire pendant la guerre, puis après l’indépendance avec son opposition au pouvoir central.

Les diverses répressions (notamment d’ordre linguistique et identitaire) qu’elle eut à subir donnèrent naissance au " printemps berbère " de 1980-1981. Et, depuis octobre 1988, les revendications culturelles et démocratiques se sont intensifiées.
La région devient française progressivement à partir de 1857 et se soulève périodiquement, notamment en 1870 (« révolte des Mokrani »).

"Révolte des Mokrani"

La répression française se solde par de nombreuses arrestations, des déportations, notamment en Nouvelle Calédonie (voir Kabyles du Pacifique). La colonisation se traduit aussi par une accélération de l'émigration vers d'autres régions du pays et vers l'étranger. La France, à travers les " bureaux arabes ", procède également à l'arabisation des noms de familles et de lieux en Kabylie. C'est ainsi qu' Iwadiyen deviennent les Ouadhias, At Zmenzer devient Beni Zùenzer ou encore At Yahia en Ould Yahia.
Pendant la guerre d'indépendance, la Kabylie est la région la plus touchée du fait de l'importance des maquis et de la répression et de l'implication de ses habitants. Le FLN y a recruté plusieurs de ses chefs historiques parmi lesquels Abane Ramdane et Krim Belkacem.

De l'indépendance à de nouvelles revendications:

La région s'est opposée à Alger à plusieurs reprises, d'abord en 1970 : le Front des forces socialistes de Hocine Aït Ahmed et de Yaha Abdelhafid conteste l'autorité du parti unique. En 1980, l’absence de libertés (individuelles et collectives) et la répression féroce exercée par le pouvoir en place suscitent la grogne populaire. Après l’interdiction d’une conférence sur les poèmes berbères anciens, toute la Kabylie se soulève. La contestation, qui part de l’université de Tizi Ouzou, est menée par des milliers d’étudiants et touche toute la Kabylie et Alger, secoue sérieusement le pouvoir en place et ébranle le dogme de la pensée unique. C’est le printemps berbère ! Là encore, la revendication identitaire et linguistique est la pierre angulaire du mouvement de protestation. La répression, une fois de plus, est atroce : des centaines de blessés et de torturés, une vingtaine d’étudiants et militants berbéristes emprisonnés, dont la plupart appartient au mouvement d’extrême gauche appelé GCR (Groupe communiste révolutionnaire, le PST après l’ouverture démocratique en 1988). Ils sont par surcroît taxés de régionalistes, d’athées, d’éléments à la solde des puissances étrangères...

Vidéo: Le Printemps Berbère:



Ce réveil culturel s'intensifie à l'occasion du durcissement de l'arabisation en Algérie dans les années 90. En 1994-1995, l'année scolaire fait l'objet d'un boycott appelé « grève du cartable ». En juin et juillet 1998, la région s'embrase à nouveau après l'assassinat du chanteur Matoub Lounès et à l'occasion de l'entrée en vigueur d'une loi généralisant l'usage de la langue arabe dans tous les domaines.

A partir d'avril 2001, de graves émeutes provoquées par l'assassinat d'un jeune par des gendarmes accentuent la rupture avec les autorités: c'est le Printemps noir.
En effet, le 18 avril 2001, l'assassinat d'un lycéen kabyle par la gendarmerie nationale met le feu aux poudres entre les Kabyles et l'État algérien. Dans une dizaine de villes, des manifestations aux allures de révolte embrasent les rues jusqu'en juillet. Les accrochages avec les forces de l'ordre engendreront la mort d'une centaine de personnes. Des dizaines d'autres seront blessées, les forces policières ayant été autorisées à ouvrir le feu à balles réelles dans la foule des manifestants. Depuis ces événements, les relations des populations kabyles avec le gouvernement algérien sont tachées de sang. Régulièrement, des manifestations en faveur des revendications kabyles tournent en émeutes violemment réprimées. Depuis le début des années 2000, les morts se comptent par dizaines et les blessés par milliers en Kabylie, où manifestations, répression et émeutes sont devenues le lot quotidien de la population.
Printemps Noir

Une revendication autonomiste, qui était jusque-là le fait de quelques intellectuels, est désormais portée par le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), dirigé par le chanteur Ferhat Mehenni.

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